Communiqué du 2 mai de l’intersyndicale nationale :
Il promettait d’être historique, il l’a été avec quelque 2,3 millions de participants. A Paris avec 500 000 manifestants ou encore en province dans les 300 cortèges massivement garnis, les jeunes, les actifs et les retraités ont répondu présent à ce 1er mai 2023. Cette journée internationale des travailleurs a pris aussi tout son sens au plan de la solidarité ouvrière avec la présence très importante cette année de syndicats étrangers et de structures syndicales européennes et internationales venus soutenir leurs camarades français, engagés dans la lutte pour les retraites. Ce 1er mai s’est déroulé aussi dans l’unité syndicale et rien que ça, c’est historique
soulignait le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot dans le cortège parisien. Construite depuis l’été dernier, l’intersyndicale –qui se réunira le 2 mai dans la matinée- montre sa détermination dans le combat qu’elle mène depuis janvier contre la réforme des retraites voulu par l’exécutif, véritable recul social, notamment par le report de deux ans, à 64 ans, de l’âge de départ et l’accélération du calendrier d’allongement de cotisation. Et le combat continue. Ce 1er mai, en quelque sorte 13e journée d’actions depuis le 19 janvier contre la réforme, a donc démontré la toujours très forte mobilisation des travailleurs. Toute la journée, à travers slogans, banderoles et autres chansons, ils ont réaffirmé leur rejet total de la réforme dont ils demandent toujours et encore le retrait.
Un passage orageux avec pluie battante dès le début d’après-midi n’a aucunement découragé les manifestants parisiens. Protégés par les chasubles anti-pluie et les parapluies, à 14h, ils attendaient de pied ferme le démarrage du cortège sur le mode foule des grands jours
place de la République. La statue elle-même avait été affublée d’une chasuble blocage partout
. Les manifestants brandissaient eux déjà les slogans sur les pancartes : pas de muguet, on veut le retrait
,retraité, solidaire des actifs
, Macron, lâche les retraites, occupe-toi de la planète
, les 64 ans, on n’en veut pas, les 43 ans, on n’en veut pas
. Ce 1er mai, journée internationale des travailleurs avait le goût revendicatif et déterminé, à Paris mais bien sûr aussi sur tout le territoire.
Une nouvelle fois depuis le début de la mobilisation contre la réforme des retraites, les cortèges ont été particulièrement denses dans des villes grandes, petites ou moyennes. Ainsi 130 000 à Marseille, 100 000 à Toulouse, 33 000 à Brest, 25 0000 à Clermont-Ferrand, 38 000 à Grenoble, 40 000 à Caen, 3 000 à Rodez, 7 000 à Mulhouse, 4 500 à Charleville-Mézières… Et pour cause, cette journée constituait en quelque sorte la 13e journée de mobilisation contre la réforme des retraites depuis le 19 janvier.
Une réforme toujours massivement rejetée
Adoptée à coup de 49.3 le 16 mars, promulguée dans la précipitation le 15 avril, quelques heures après la censure partielle par le Conseil constitutionnel, cette réforme -portée par une loi de finances rectificative de la Sécurité sociale-, est toujours massivement rejetée : par les trois-quarts de l’opinion et par 94% par les travailleurs. Et ces derniers n’ont pas l’intention de lâcher le combat. Avec l’intersyndicale -qui se réunit de nouveau le 2 mai- ils demandent le retrait de cette réforme injuste et qui se traduirait par un recul social. Après les multiples rassemblements/concerts de casseroles visant, depuis l’intervention télévisée du président de la République le 17 avril dernier, à montrer d’une nouvelle façon son opposition à l’entêtement de l’exécutif sur les retraites, après les sifflets et cartons rouges brandis au Stade de France le week-end dernier, ce 1er mai constituait donc la première grande mobilisation depuis la promulgation de la loi. Une mobilisation à laquelle l’intersyndicale (huit organisations syndicales et cinq de jeunesse) appelait de manière unitaire et rien que cela c’est historique
appuyait le secrétaire général de FO, participant au cortège parisien.
Elisabeth Borne prévoit des rencontres avec les syndicats
L’appel (le 17 avril) de l’intersyndicale à faire du 1er mai une mobilisation unitaire et populaire
a donc trouvé une réponse ample et la mobilisation est plus que réussie. Là encore, rien d’étonnant. Trois mois que le gouvernement ne veut rien voir ni entendre
soulignaient plusieurs secrétaires confédéraux FO participant aux manifestations en province. Or, cette surdité et le passage en force de l’exécutif, ça ne passe pas. Des millions de personnes dans tous les secteurs d’activité du secteur privé comme du public l’ont bien compris. C’est la raison pour laquelle nous sommes à nouveau des millions dans la rue pour manifester contre cette réforme. C’est la raison pour laquelle nous continuons
.
Depuis la mi-avril et la promulgation de la loi, le gouvernement ne cesse de déclarer sa volonté de rencontrer les organisations syndicales, ce qu’il s’est refusé à faire pendant trois mois. Alors que le président de la République a décrété cent jours d’apaisement et d’action
, la Première ministre a présenté le 26 avril une feuille de route garni de projets affichés comme nouveaux. Ce qui n’est pas vraiment le cas. Le 28 avril, Matignon indiquait qu’Elisabeth Borne allait, après le 1er mai, adresser aux organisations syndicales des invitations pour des rencontres, a priori en bilatérales. Et la Première ministre de déclarer lors d’une visite sur le site de Safran dans les Yvelines : C’est par le dialogue social finalement qu’on apporte des bonnes solutions au bénéfice des salariés
. Un dialogue que le gouvernement s’est jusque-là employé à bafouer.
Pour une reprise de dialogue avec le gouvernement, FO veut d’abord des garanties
Pour l’instant on ne sait pas ce qui se profile
dans cette volonté du gouvernement de renouer le dialogue, mais ce que l’on sait, c’est qu’il nous faudra des garanties
avant d’aller à une rencontre insistait le 1er mai Frédéric Souillot, évoquant la poursuite de la mobilisation par de très probables nouvelles journées d’actions d’ici juin. Les garanties avant une reprise de dialogue avec le gouvernement, FO compte en demander sur la méthode
souligne le secrétaire général de la Confédération. FO compte aussi par exemple recevoir une réponse sur l’Agirc-Arrco. Le Conseil constitutionnel a en effet censuré le 14 avril l’article portant sur l’annulation en 2023 du transfert du recouvrement des cotisations de l’Agirc-Arrco (donc de retraites complémentaires) vers les Urssaf. FO veut donc savoir s’il y aura, ou pas, une annulation de ce transfert, s’étant élevée contre ce dernier depuis 2020.
Concernant le dossier Travail inscrit dans sa feuille de route, le gouvernement qui vise d’ici l’été à élaborer un pacte de la vie au travail
semble décidé désormais à évoquer avec les syndicats les questions notamment du travail des seniors ou encore de l’usure professionnelle… Ce qu’il a refusé de faire en amont de son projet de réforme des retraites, alors que nombre de syndicats, dont FO, demandaient de parler d’abord de l’emploi, des fins de carrières, de la pénibilité, … FO se montre donc très prudente. Que le gouvernement veuille reprendre les choses par le bon bout, c’est déjà un bonne idée ! Mais alors, pendant ce temps (de discussions avec le gouvernement, Ndlr), il ne faut pas appliquer la loi sur la réforme des retraites. Il ne faut pas que les décrets sortent. Sinon, on prendra cela comme une provocation, et alors on verra…
, indique d’ores et déjà Frédéric Souillot.